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Martyre de saint Pierre de Giordano : en vidéo

Luca Giordano, Martyre de saint Pierre, huile sur toile, 173x222 cm, Ajaccio, Musée Fesche, musée fesch

A Ajaccio, le musée Fesch détient quelques représentations intéressantes de saint Pierre dont l’huile sur toile de Giordano. Vous pourrez en consulter d’autres relevées dans notre flick’R.

D’ailleurs, si vous désirez connaître davantage les collections de ce musée cliquez ici.

La page personnalisée au Martyre de saint Pierre par le napolitain Giordano (1632-1705)  est plus intéressante que les autres car est postée une vidéo créée par Marie-Anne Andreani, pour le musée corse. La vidéo dure environ 5 minutes.

Sur fond de chants chrétiens, une voix féminine s’applique à un début d’analyses formelle et iconographique (pour reprendre l’ordre établi par Panofsky). Comme souvent, elle va mettre en avant l’humilité du saint.

Elle commence par rappeler le contexte de la crucifixion du saint : cela se passe en l’an 65 à Rome. Elle choisit la version selon laquelle Néron, suite à l’incendie qui ravagea la ville, désigne les chrétiens comme coupables, et, parmi les 200 qu’il fait arrêter, se trouve saint Pierre.

Grâce à des outils numériques, une grille se déplace sur l’œuvre et dévoile une symétrie qui prend comme axe la croix (et donc le corps du saint). Elle se révèle par les différents visages qui composent la toile. Cela montre comment il est possible de créer une ambiance à la tension forte, donnée par  l’action même et par une impression d’instabilité (l’axe de symétrie coupe la toile en diagonale), tout en maîtrisant évidemment absolument la composition.

Par la suite, elle nous donne des conséquences du choix du clair-obscur. La vidéo, par ce rappel basique, prouve nettement sa volonté d’être accessible à tous. Il ne faut  pas voir dans ce propos un mépris vis-à-vis de la notion de « grand public » ou de son observation, mais plutôt le fait que cette vidéo ait la caractéristique de vouloir être accessible à l’étudiant en première année d’histoire de l’art ou à tout amateur débutant dans le domaine.

Cette lumière crue (et mise en évidence par le contraste du clair-obscur) veut faire surgir le martyre selon Andreani : elle fait ressortir le corps blême du martyr et le visage de celui qui va martyriser. C’est l’acte de martyre qui est forte ici, plus qu’une simple crucifixion ou un caractère humble. C’est en effet indispensable de ne jamais oublier que la notion de martyre dans la figure de saint Pierre et dans la religion catholique est très importante et se veut un modèle à suivre (dans le but de parvenir au salut éternel).

Elle va également lier l’idée de l’humilité du martyr à celle de la représentation formelle anti-idéaliste qui passerait par des « détails triviaux » tels que les pieds sales de saint Pierre et le sang qui afflue au visage.

Elle termine son commentaire en faisant le lien entre le tombeau de saint Pierre et la Basilique saint Pierre de Rome construite sur l’emplacement de celui-ci. Le tout sur le chant liturgique, très adapté à l’atmosphère, qui en crescendo dit : « Amen ! Amen ! Amen ! ».

Bien que le contenu de l’analyse puisse être sans doute discuté, comme souvent lorsqu’il s’agit d’interprétation, poussée ou non, il est souvent agréable d’avoir à la découvrir sous le format d’une vidéo, ce que ne proposent pas toujours les musées. Cela donne un aspect interactif bien sûr mais permet aussi des zooms et d’y appliquer les outils numériques d’analyse formelle en synchronisation avec la voix du commentateur.

Stella

Saint Pierre en pénitence par El Greco à la Fondacion Casa Ducal Medinaceli

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Sur le site de la fondation privée de la « casa ducal de Medinaceli », l’historien d’art Fernando Marias Franco présente l’œuvre du Greco, artiste dont il est spécialiste, Les larmes de saint Pierre, (également connu sous le nom de Saint Pierre en pénitence). L’œuvre date de 1605.

L’auteur explique l’iconographie de l’œuvre en donnant tous les éléments : le lien avec son commanditaire, l’iconographie de saint Pierre notamment celle au début du 17ème siècle (les clefs pour le fondateur de l’Eglise), l’aspect symbolique des éléments représentés (par exemple, il reconnaît le lierre et nous apprend que la plante est associée aux pleurs) ou encore les sources littéraires dont ait pu se servir l’artiste. Dans le premier paragraphe, il fait une description générale ; puis, notamment sur la deuxième page, pour les intéressés, il ajoute quelques points. Pour ceux qui souhaitent accéder à un résumé, vous pouvez en lire un sur la fiche de l’oeuvre.

Le spécialiste sait toujours justifier ses analyses iconographiques en donnant une source historique ou littéraire. Selon lui, l’iconographie choisie par le Greco soutient la contre-réforme catholique, qui voyait la pénitence comme un moyen d’accéder au salut. La volonté de se repentir est marquée ici selon Marias ; ce ne serait pas sans logique puisque l’œuvre aurait été destinée aux humains, pécheurs, risquant la mort, de l’hôpital de Tolède. Les malades étaient invités à rapidement se repentir pour trouver le salut éternel.

Il n’est pas nécessaire d’être érudit ou spécialiste de l’apôtre pour suivre le propos de l’auteur puisqu’il donne les références exactes de ses sources littéraires, et un lien mène à la vision de chacune des œuvres qu’il évoque. Même lorsqu’il s’appuie sur un détail de l’œuvre, il suffit de cliquer sur l’icône de l’appareil photo pour le voir.

La fondation mène un site plutôt intéressant de par le sérieux de ses objectifs (à lire : en cliquant ici) et par la rigueur avec laquelle ceux-ci sont menés : ce sont des spécialistes des œuvres qui sont appelés pour donner un compte-rendu accessible et concis des œuvres. D’autant plus accessible que le site espagnol est lisible en français et en anglais. La décoration de l’interface est personnelle mais reste simple et claire. Des axes divers de recherches permettent de bien cerner la collection et de trouver facilement une œuvre. Une remarque à faire ? Donner la traduction pour toutes les pages du site.

Ida